E-réputation : vers une démarche collaborative

cooperation

« Tout individu collabore à l’ensemble du cosmos. » écrivait Nietzsche. Bien que ne constituant pas le cosmos à elle seule, la mise en œuvre de l’Intelligence Economique au sein de l’organisation se décline selon le même processus collaboratif.

Intelligence Economique : « jamais deux sans trois« 

Deux conceptions dominent autour du fondement sur lequel repose la démarche d’Intelligence Economique :

L’Intelligence Economique- contrôle : « Un Anneau pour les gouverner tous. Un Anneau pour les trouver. Un Anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier« . L’Intelligence Economique serait, à l’instar de cet anneau, l’outil parfait pour contrôler et réduire le monde extérieur en esclavage. Au delà de la vision narcissique qu’une telle conception véhicule, il n’est pas surprenant que les entreprises n’y adhèrent pas : qui souhaite endosser l’habit de manipulateur et de négrier ? Surtout à l’heure où l’image et la réputation prennent une place croissante.

L’Intelligence Economique- arme absolue : La survie pour les plus aptes : qu’il s’agisse d’une démarche de dissuasion ou de conquête, l’Intelligence Economique est l’arme incontournable (avec « L’art de la guerre » de Sun Tzu) pour remporter des victoires sur ce champ de bataille qu’est l’environnement économique. Il n’est pas question ici de constester l’apport de Sun Tzu en terme de stratégie, notamment de stratégie militaire. Mais l’économie n’est pas une guerre, et les entreprises ne sont pas des armées. La vocation d’une armée est de maintenir la sécurité, tandis que celle des entreprises est de faire du commerce. « Une place pour chacun, et chacun à sa place« .

Aux côtés des verbes « contrôler » et « combattre », qui caractérisent ces deux conceptions de l’Intelligence Economique en existe une troisième, qui s’exprime aussi par un verbe :

comprendre.

Comprendre l’environnement dans lequel évolue les acteurs et les stratégies adoptés par ces derniers permet de décider de l’action la plus opportune à mener. Il convient d’ailleurs de rappeler que l’étymologie du mot « intelligence » vient du latin « intellegere », qui signifie comprendre. Et pour se comprendre, l’adoption d’une langue commune s’impose comme préalable au dialogue.

L’Intelligence Economique, espéranto des organisations

L’Intelligence Economique est adoptée et transmise par delà la diversité des disciplines : il suffit, pour s’en convaincre, de constater la participation d’ordres professionnels, comme le CSOEC (Conseil Supérieur de l’Ordre des Experts Comptables) à des initiatives visant à promouvoir l’Intelligence Economique, comme l’élaboration du « Guide du Routard de l’Intelligence Economique« . Les syndicats, comme le MEDEF ou la CGPME, mènent, de leur côté, des missions d’évangélisation. Enfin, les acteurs du commerce international ont compris que l’Intelligence Economique constitue la pierre angulaire d’une implantation commerciale hors des frontières nationales, voire européennes.

L’Intelligence Economique au sein d’une organisation révèle son aptitude à décloisonner et fédérer des services aux missions différentes. Ainsi, le service R&D d’une entreprise peut se trouver affecté par la décision stratégique de délocaliser des unités de recherche ou de production ou par l’acceptation de clauses commerciales de transferts de technologie. Tous deux génèrent une problématique de protection du patrimoine immatériel, et plus précisément de la propriété intellectuelle, notamment des brevets (juridique). L’adaptation aux normes, préoccupation qui, de prime abord, relève de la R&D, se révèle un paramètre incontournable pour s’introduire sur un marché étranger ou subsister sur son marché national (commerce/marketing). Enfin, le départ d’un collaborateur jouant au sein du service un rôle clé de par son savoir-faire (RH) peut durablement perturber le fonctionnement interne du service, voire de l’entreprise, si ce dernier entre chez un concurrent (marketing) malgré l’existence, dans son contrat de travail, d’une clause de non-concurrence (juridique).

Loin d’être une matière réservée aux spécialistes, l’Intelligence Economique, socle commun à toutes les organisations, touche désormais non seulement tous les acteurs de l’environnement économique, mais aussi tous les membres d’une organisation, quelle que soit son statut et sa fonction.

L’Intelligence Economique, la clé pour ouvrir toutes les portes

Confrontée au Web, qui est l’une des manifestations de la mondialisation, et de la RSE, qui inclue notamment le respect de la diversité, la politique de la tour d’ivoire montre ses limites. L’ouverture est désormais de mise, qui repose sur le respect sans faille d’une déontologie au cœur de laquelle l’individu reste la finalité et non pas le moyen d’atteindre son objectif.

Cette ouverture se manifeste d’abord au travers du multilinguisme. Si les professionnels de la veille des années 2020 veulent optimiser la puissance d’investigation des moteurs de recherche, ils devront, au choix, être trilingue (anglais, chinois…) ou coopérer avec des sociétés de traduction, qui devront, elles mêmes, être familières avec les rudiments de la collecte de données en ligne.

Ensuite, la diversité au sein de l’Intelligence Economique apparaît au travers des questions de diversité culturelle. Une mondialisation parfois agressivement hégémonique provoque des réactions de repli identitaire, religieux notamment. La diversité culturelle permet à la fois de désamorcer cette hégémonie et d’organiser des échanges commerciaux dans le respect réciproque de la culture de l’autre.

Le monde économique commence à entrevoir les opportunités qu’il peut tirer de la notion de diversité. Et l’Intelligence Economique constitue l’outil pour réaliser ce potentiel.

C’est parce que « l’efficacité passe par l’échange« , pour reprendre les termes d’Alain Juillet, que les entreprises expérimentent la co-création, une démarche qui s’est révélé complémentaire de la veille technologique pour détecter les « innovations de rupture« . L’échange, pour être fructueux, nécessite de la diversité : sexe, culture, âge, formation, parcours professionnel, etc. Il repose également sur le fait que l’influence passive peut déboucher sur un résultat positif, et non plus une simple aliénation.

Une autre application du concept de diversité se retrouve au cœur de l’Intelligence collective. Son illustration la plus significative se trouve dans la mobilisation des compétences au sein des organisations afin d’optimiser la maîtrise des flux d’information pour la décision dans l’action.

L’enseignement lui même est touché par cette dynamique d’ouverture et de collaboration, puisque près d’un dirigeant de PME sur deux considère que l’enseignement professionnel n’est pas adapté aux besoins des PME. A la lumière de ce résultat, il est aisé de savoir comment les mêmes dirigeants évaluent la pertinence de l’enseignement généraliste.

Heureusement, plus d’un enseignant sur deux considère que l’école doit en priorité préparer les élèves à la vie professionnelle. Le terrain est donc propice à un rapprochement. Encore faudra t-il que chaque interlocuteur écoute l’autre et comprenne ses attentes, sous peine d’assister à un dialogue de sourds dont les jeunes diplômés feront les frais. « Il n’y a pas de victoire en solitaire, le travail est collectif » rappelle à juste titre l’Amiral Pierre-François FORISSIER.

Notre site Internet : http://mastere-risque-territoire.eisti.fr/?q=node/4

2 réponses à “E-réputation : vers une démarche collaborative

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